Phénomène politique et social majeur aux États-Unis, l’opération Q reste encore aujourd’hui peu connue en France où elle continue de nourrir un certain nombre de fantasmes.
Loin des clichés et des analyses de seconde-main, ce livre de Paul Furber, témoin direct des événements, nous livre un témoignage unique et remarquable sur l’Opération Q, ainsi que sur les coulisses de l’élection de Donald Trump en 2016, les dessous de la guerre de l’information et la résistance américaine au totalitarisme mondialiste.
Une enquête palpitante sur le plus grande opération de réinformation de l’Histoire qui remet les pendules à l’heure et qui se lit comme un véritable thriller.Traduction et postface de Stanislas Berton
Ce quatrième volume de la série « L’Homme et la Cité » rassemble les versions révisées et augmentées des essais publiés sur le site internet de Stanislas Berton en 2023 et 2024, accompagnés d’un texte inédit et de plusieurs traductions exclusives.
Dans les essais qui composent ce recueil, Stanislas Berton révèle le projet et les méthodes du totalitarisme mondialiste ainsi que les différents moyens de s’en libérer.
Un livre essentiel pour sortir de la prison cognitive, participer au « Grand Réveil » et comprendre les vrais enjeux économiques, politiques et spirituels de ce moment charnière de l’histoire de l’humanité.
Note: les volumes de la série « L’Homme et la Cité » sont indépendants les uns des autres et peuvent donc être lus dans n’importe quel ordre.
Ce troisième volume de la série « l’Homme et la Cité » rassemble les versions révisées et augmentées des essais publiés sur le site Internet de Stanislas Berton en 2022, accompagnés d’un texte inédit et de plusieurs traductions exclusives.
Dans les textes qui composent ce recueil, Stanislas Berton révèle les coulisses de cette guerre totale menée contre les peuples et dévoile la stratégie de l’alliance internationale mobilisée pour mettre le mondialisme en échec.
Un livre essentiel pour combattre « l’empire du mensonge » et comprendre les vrais enjeux d’une crise qui secoue la France et bouleverse le monde.
Note: les ouvrages et les textes qu’ils contiennent étant indépendants, le Volume III peut parfaitement être lu avant le Volume Iou II.
Livre disponible sur commande dans toutes les librairies de France ou via le site de notre partenaire Direct Livres.
“Ce livre devrait être lu absolument et diffusé! Tout est dit! Clair limpide et efficace!”Christine Deviers-Joncours
“Ce qui est très intéressant, c’est que ce livre remet en question un certain nombre de narratifs et le fait avec des arguments sourcés et structurés.” André Bercoff
“Un très bon bilan de début d’année qui permet de mieux comprendre ce qui s’est passé l’année passée […] et de comprendre dans quel espace temps nous sommes aujourd’hui.” Clémence Houdiakova, Ligne Droite.
“Clair, concis et passionnant : ce livre éclaire les raisons cachées de la souffrance de notre pays”; “Le courage de la vérité : le talent de Stanislas Berton est de relier tous les fils pour faire émerger la vision d’ensemble.” 5 étoiles sur 5, avis de lecteurs sur Amazon.
Présentation du livre à la librairie Les Deux Cités (Nancy)
Ce deuxième volume de la série « L’Homme et la Cité » rassemble les versions révisées et augmentées des essais publiés sur ce site entre 2020 et 2021, accompagnées d’un texte inédit.
A travers les différents textes qui composent ce recueil, Stanislas Berton révèle tout d’abord la guerre cognitive menée aux peuples occidentaux, ses méthodes, ses acteurs, mais aussi les moyens d’y résister. Il explique ensuite pourquoi cette guerre est avant tout spirituelle et présente des concepts tels que la pathocratie, le léninisme biologique ou encore le matriarcat sacrificiel, indispensables pour sortir de la crise que nous traversons.
Un livre essentiel pour comprendre le présent et préparer l’avenir.
Note: les ouvrages étant indépendants, il est tout à fait possible de lire le Volume II avant le Volume I
Livre disponible sur commande dans toutes les librairies de France ou via le site de notre partenaire Direct Livres.
“Un livre passionnant“, Clémence Houdiakova, Ligne Droite
“Un livre que je recommande, lisez-le!”, André Bercoff
Honnêtement, c’est un livre que je vous recommande de lire car on y trouve énormément d’informationset c’est le travail de quelqu’un qui s’efforce de penser par lui-même, Charles Gave
Excellentissime. Un livre passionnant et passionné. Je l’ai lu d’une traite et je vous le conseille à tous, Mike Borowski.
“Le violoniste Bruno Monsaingeon disait, à propos du pianiste Glenn Gould : « Avec Gould, on entend plus que chez lesautres, parce qu’on accède à la structure même de la musique ». Je dirais la même chose à propos de l’auteur de l’« Homme et la Cité II » : « Avec Stanislas Berton, on réfléchit mieux qu’avec les autres, parce qu’il remonte à la racine même des problèmes ».” 5 étoiles sur 5- avis d’un lecteur
“Nous voici arrivés à l’heure fatidique où ce qui se joue n’est rien de moins que le destin de la France et l’avenir de notre peuple”.
Alors que confrontés à l’effondrement de leur pays, de plus en plus de Français se demandent « que faire ? », Stanislas Berton révèle le processus de destruction méthodique de la France et de son peuple par une minorité d’idéologues tout en proposant des solutions concrètes pour neutraliser leur influence, sauver notre pays et restaurer sa grandeur. Un livre fondateur pour reconstruire une France fière, une France forte, une France retrouvée.
“Depuis ces 40 dernières années, aucun programme politique, à droite comme à gauche, n’a rassemblé ne serait-ce que le quart des solutions apportées dans ce livre.” The Conservative Enthusiast
Retrouvez une partie des essais publiés sur ce site revisités et accompagnés d’un texte inédit.
“Avec ce livre, j’ai souhaité partager le fruit de plus de dix années de travaux, pratiques et théoriques, dans le domaine des sciences humaines et comportementales, proposer au public une synthèse accessible des connaissances nécessaires pour comprendre les grands enjeux économiques, politiques et sociaux du XXIe siècle et enfin montrer les dangers du cloisonnement des savoirs et la fécondité d’une approche transversale dans la compréhension des systèmes complexes. En vérité, je n’ai fait que suivre ma curiosité, voici les chemins sur lesquels elle m’a mené.”
Livre disponible sur commande dans toutes les librairies de France ou via notre partenaire Direct Livres.
“Stanislas Berton est un homme de la Renaissance. Il s’intéresse à tout, cherche à tout expliquer, à tout décrypter et à chaque fois, il va plus loin“.André Bercoff
“A l’impératif contemporain de spécialisation, Stanislas Berton répond par l’idéal pluridisciplinaire de l’honnête homme“, François Bousquet, Éléments.
« Comment t’en vouloir au fond ? Tu appartiens à une génération à laquelle personne n’a appris à être Français ; à une génération à laquelle personne n’a expliqué ce qu’être Français voulait dire et surtout, tu appartiens à une génération à laquelle personne n’a expliqué pourquoi être Français, c’est important. »
A une « citoyenne du monde », Stanislas Berton répond par « Être Français », plaidoyer vibrant pour une France digne de son rang et fière de ses racines. Un texte qui invite les français à relever la tête et à ne jamais oublier que leur destin est d’étonner le monde.
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“J’ai retrouvé une sensation de lecture que je ne retrouve que chez les anciens auteurs français du 19ème siècle […] ce véritable amour de la France.” The Conservative Enthusiast
“Avec beaucoup de pédagogie, de tendresse, et de talent, Stanislas Berton entreprend d’expliquer à sa sœur ce que c’est vraiment, Être français”, Pierre Cassen
Rien n’est plus difficile que de faire admettre à un individu ou à un groupe que les principes sur lesquels ils ont fondé leur conception du monde sont désormais faux ou inadaptés. Dans son film, « Invasion Los Angeles », le réalisateur John Carpenter a magistralement mis en scène la lutte aussi bien physique qu’émotionnelle qu’implique tout changement de paradigme.
Dans son livre « Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie », le géographe et biologiste Jared Diamond a montré qu’à travers l’histoire, les sociétés qui survivent sont celles qui, en période de grande crise, sont capables de remettre radicalement en cause leur système de valeurs pour assurer leur survie. Jared Diamond donne l’exemple de la petite île de Tikopia en Polynésie. Confrontés à une crise sans précédent, les Tikopiens parvinrent à survivre en régulant de façon drastique leur population via l’interruption de coït, le quasi-suicide (des membres de la tribu partirent pour des expéditions en mer dont ils ne revinrent pas), le changement de régime alimentaire mais surtout en sacrifiant, littéralement, leurs vaches sacrées, en l’occurrence leurs troupeaux de porcs, animaux d’une importance symbolique considérable dans la culture polynésienne.
Plus proche de nous, le Japon, menacé de colonisation par les puissances occidentales à la fin du XIXe siècle, opéra un changement de politique brutal connu sous le nom de l’ère Meiji. Rompant avec plusieurs siècles d’isolement, le Japon envoya des dizaines de milliers d’étudiants en Occident pour apprendre ses techniques et ses sciences et renonça à certaines pratiques traditionnelles, notamment en matière d’habillement. Quelques décennies plus tard, le Japon était devenu une puissance industrielle dont l’impérialisme était en mesure de concurrencer celui des occidentaux en Asie.
Aujourd’hui, confrontées à une crise sans précédent de leur modèle, les sociétés occidentales jouent leur survie sur leur propre capacité à changer totalement de paradigme. Les sociétés occidentales ont cru pendant deux siècles à la croissance et à son corollaire philosophique, le progrès. Elles doivent redécouvrir que la croissance n’était pas la règle mais l’exception, que le « progrès » n’est qu’une illusion de la modernité et que le temps n’est pas linéaire mais circulaire.
Elles ont cru que le seul horizon était celui de leurs imaginations et de leurs désirs ; elles doivent redécouvrir la contrainte et la limite. Elles ont cru que l’homme était la mesure de toute chose et que tout n’était que « construction sociale » ; elles doivent redécouvrir que l’homme n’est qu’un élément du cosmos soumis aux mêmes lois que le reste de la Nature. Elles ont cru que tout dépendait de l’économie ; elles doivent redécouvrir que tout procède en réalité du religieux, du politique et du sacré.
Sur le plan politique, les sociétés occidentales ont cru qu’il était possible de mettre fin à la guerre ; elles doivent redécouvrir l’irréductible permanence de la violence et du conflit. Elles ont cru qu’il était possible de résoudre tous les problèmes par le dialogue, le droit et le commerce ; elles doivent redécouvrir la guerre, la force et la puissance. Surtout, elles ont cru aux Droits de l’Homme, à l’État de Droit et aux valeurs universelles ; elles doivent redécouvrir qu’à part les lois de la nature, rien n’est universel et que ce qui est légal n’est pas forcément ce qui est légitime. Elles doivent aussi comprendre que bien que déchristianisées en surface, nos sociétés restent marquées en profondeur par la pensée chrétienne et que le particularisme culturel européen, universel et laïc, qui en est issu n’est en réalité que l’expression d’une anthropologie et d’un système de valeurs bien spécifiques. En chinois, il n’existe même pas de mot pour désigner les Droits de l’Homme, pas plus qu’il n’en existe en terre d’islam pour la laïcité.
S’il veut survivre, l’Occident va devoir surmonter son incommensurable orgueil et rompre avec l’universalisme, ce qui signifie clore le chapitre ouvert avec le rationalisme du XVIIIe siècle, la Révolution Française et les Droits de l’Homme. La tâche est d’autant plus ardue, en premier lieu pour la France, puisqu’il s’agit de renoncer à des idées qui ont fait la gloire de la civilisation européenne et lui ont permis pendant plusieurs siècles d’imposer sa suprématie au reste du monde. Cette opération de chirurgie spirituelle et culturelle à haut risque se trouve d’autant plus délicate à réaliser que l’Occident, empoisonné depuis plusieurs décennies par des valeurs périmées, se trouve déjà considérablement affaibli et diminué. Là où il faudrait un peuple jeune, vigoureux et plein d’audace, similaire à celui qui fit la Révolution Française, il n’y a plus que des hommes vieux, apeurés et doutant d’eux-mêmes ainsi que de leurs forces.
« Nous autres civilisations, nous savons désormais que nous sommes mortelles » écrivait Paul Valéry au sortir de la première guerre mondiale. Même si la mort est une fatalité, son échéance peut être repoussée par ceux qui ont encore la volonté de vivre. Pris au piège, de nombreux animaux n’hésitent pas à s’amputer d’un membre pour s’échapper et survivre. Si l’Occident veut faire de même, mais le désire-t-il réellement, il doit être capable de s’amputer spirituellement en renonçant à ses si chères valeurs, ainsi qu’à sa prétention délirante à l’universalité.
Dans son dernier livre, le philosophe René Girard écrivait : « Nous devons entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les croisades seront plus proches de nous que la Révolution Française et l’industrialisation du Second Empire ».
“Il y a une guerre des classes, bien évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre et nous sommes en train de la gagner.“
Pour comprendre l’ampleur et l’obscénité du casse du siècle, il suffit de regarder et de comprendre le graphique ci-dessous.
La ligne du
bas représente la croissance du PIB.
Celle du
haut, celle de la dette et des prêts.
Ce graphique concerne l’économie américaine mais la dynamique est la même pour l’Europe et le reste du monde. En 2020, une situation aggravée par la crise du COVID-19, la dette publique des États-Unis représentait 130% du PIB, contre un peu de plus 50% dans les années 60, soit environ 80 000 dollars par habitant. En France, la dette publique a dépassé les 120% du PIB soit environ 40 000€ par habitant.
Dans un précédent article, j’ai expliqué comment depuis les années 70, l’endettement massif avait permis de compenser la chute du taux de rendement énergétique (TRE).
Normalement, au lieu de s’engager dans une véritable fuite en avant, les économies développées auraient dû peu à peu ralentir la machine économique pour aligner l’économie et les niveaux de vie sur la contraction énergétique. Comme je l’ai également expliqué, le dogme économique, politique et psychologique de la croissance a empêché cet ajustement.
En termes
réels, l’économie se contracte depuis plus de quarante ans, ce que le bon sens
populaire appelle « la crise » mais l’hyperclasse mondialisée a
trouvé le moyen, non seulement d’échapper à cette contraction mais de réaliser
au passage le casse du siècle, voire du millénaire.
Pour
comprendre ce qui est en train de se produire, il faut revenir à la question de
la création monétaire. Depuis les années 70, pour simplifier, la monnaie n’est plus adossée à un métal
précieux comme l’or. Nous sommes entrés dans l’ère de ce qui s’appelle la
monnaie fiduciaire (fiat money).
La création
monétaire est gérée par les banques centrales qui n’ont qu’à , pour
simplifier, créditer ex nihilo des
lignes de compte sur un serveur. Depuis
quarante ans et avec une accélération depuis la crise de 2008, les banques
centrales injectent des quantités faramineuses de liquidités dans le système économique
et financier international pour éviter son effondrement. Cette politique qu’elles
présentent sous le titre ronflant de quantitative
easing (QE) n’est rien d’autre en réalité que l’utilisation de la bonne
vieille planche à billets.
Le recours massif au QE se traduit par une augmentation à la fois de l’endettement et des liquidités en circulation mais aussi à l’apparition d’une anomalie, les taux d’intérêts négatifs, qui sont en train de détruire le système bancaire et financier ainsi que le concept même d’épargne. Le problème, c’est que si le QE s’arrête, le système économique s’effondre et des millions de gens se retrouvent sans emploi.
Avec une candeur rare, la nouvelle directrice de la BCE et ancienne directrice du FMI, Christine Lagarde a d’ailleurs récemment expliqué qu’il valait mieux que les gens aient un emploi plutôt que de l’épargne.
Ceci étant
posé, comment cette situation profite t’elle à l’hyperclasse mondialisée ?
Tout simplement parce que les banques centrales arrosent de liquidités tous ceux qui possèdent les banques, les grandes entreprises et tout le système financier en général.
Sous couvert de « sauver l’économie », cette politique permet à ceux responsables de cette situation de s’enrichir comme jamais auparavant via de la création monétaire débridée dont les conséquences vont être apocalyptiques. Rappelons que l’argent crée par les banques centrales et qui se trouve inscrit sur les comptes ne vaut en réalité plus rien. Il n’est plus qu’une convention. Mais ceux qui bénéficient de cette manne financière l’utilisent pour acheter des choses, elles, bien réelles : de la force de travail, de l’immobilier, des parts dans les entreprises, des terres agricoles, des métaux précieux…
Imaginez un
moment que votre meilleur ami possède dans sa cave une planche à billets.
Chaque mois,
il vous remet un sac avec un million en liquide.
Le premier mois, vous l’utilisez pour rembourser l’emprunt sur votre maison et acheter une résidence secondaire. Le mois suivant, vous rachetez la maison du voisin et l’entreprise de votre collègue qui connaît des difficultés de trésorerie. Le mois d’après, vous rachetez encore d’autres maisons et d’autres entreprises. Quelques mois plus tard, vous prêtez à la ville car appauvrie, elle n’a plus les moyens de boucler son budget. Au bout d’un an, vous contrôlez toute l’activité économique de la ville et ses habitants sont devenus de nouveaux serfs du Moyen-Age enchaînés financièrement soit par la dette, soit par le paiement de loyers.
Et tout ça, grâce à l’argent crée par votre copain qui, en réalité, ne vaut rien Loin d’être abstraite et théorique, cette manipulation financière prend des formes tout à fait concrètes. Fin 2019, aux Etats-Unis, le patrimoine des 1% des les plus riches était sur le point de dépasser l’intégralité de celui de la classe moyenne américaine et la politique monétaire accommodante a permis aux grandes entreprises de se lancer dans des programmes massifs de rachat de leurs propres actions.
Ce qui est en réalité en train de se passer dans l’indifférence générale n’est tout simplement que l’un des plus grands accaparements de richesses de l’histoire et l’asservissement économique des populations des pays développés. Pendant que la majorité des français sont à découvert le 15 du mois et que les classes moyennes se serrent la ceinture, les responsables de la crise sont arrosés d’argent « gratuit » qu’ils utilisent pour s’enrichir encore plus tout en se convainquant que cela est nécessaire pour éviter le chaos. En réalité, nous assistons la collectivisation de fait de l’économie mais au seul profit des banques, de la finance et des très grandes entreprises : le communisme pour les ultra-riches et l’ultralibéralisme pour les classes moyennes et les pauvres !
L’hyperclasse a la chance inouïe que ce casse du siècle se déroule de façon aussi abstraite et nécessite pour être compris de solides notions financières et économiques car sinon la colère du peuple ne connaitrait plus de limites.
Pour finir, arrêtons-nous un instant sur ce qui a rendu une telle situation possible.
Que les pauvres trinquent et que les riches se débrouillent pour échapper à leurs responsabilités tout en s’en mettant au passage plein les poches sans la moindre considération pour l’intérêt général, tout cela n’a malheureusement rien de bien nouveau. Ce qui est nouveau en revanche, c’est qu’il n’existe plus de distinctions entre les pouvoirs politiques et financiers ou pour dire les choses autrement, plus de différence entre la classe des princes et celles des marchands. Le phénomène le plus important et le plus sous-estimé de notre époque est la victoire définitive de la bourgeoisie sur la noblesse. Jusque dans les années 60, il existait encore une frontière, certes de plus en plus mince, entre les serviteurs de l’Etat et le monde des affaires.
Aujourd’hui, cette frontière a été totalement abolie : ceux qui dirigent les pays développés font désormais partie du même monde et ont été formés sur le même moule que ceux qui dirigent le monde de la banque ou de la finance. Comment maintenir un équilibre social quand il n’y a plus de garde-fous, ni de contre-pouvoirs ? Qui pour défendre le peuple ? Qui pour défendre l’intérêt général et remettre les féodaux à leur place ?
Extraits de l’article original publié par Nassim Nicholas Taleb sur Medium.Le texte est tiré du livre « Jouer sa peau » (Les Belles Lettres) – « Skin in the Game » (Random House)
Traduit de l’anglais par Stanislas Berton
De la dictature de la minorité: pourquoi les plus intolérants gagnent
La situation suivante est le meilleur exemple que je connaisse pour
expliquer le fonctionnement d’un système complexe : il suffit qu’une
minorité intransigeante, un certain type de minorité intransigeante, atteigne
un niveau de l’ordre de trois ou quatre pourcent de la population totale pour
que l’ensemble de la population se soumette à ses préférences. De plus, la
domination de la minorité bénéficie d’une illusion d’optique : un
observateur naïf a l’impression que les choix et les préférences sont ceux de
la majorité. Si cela semble absurde, c’est parce que nos intuitions
scientifiques ne sont pas calibrées pour ça
(oubliez les intuitions scientifiques et universitaires et les jugements
à l’emporte-pièce; cela ne marche pas et les raisonnements standards échouent à
comprendre les systèmes complexes, ce n’est en revanche pas le cas de la
sagesse de grand-mère).
L’idée principale qui sous-tend les systèmes complexes est que
l’ensemble se comporte d’une façon qui ne peut être prédite à partir de
l’analyse des parties. Les interactions sont plus importantes que la nature des
éléments eux-mêmes. L’analyse d’une fourmi ne permettra jamais (dans ce genre de situation, on peut dire « jamais »
sans risque), de comprendre comment fonctionne la fourmilière.
Pour cela, il est nécessaire de comprendre le fonctionnement de la
fourmilière en tant que fourmilière, pas plus, pas moins et pas en tant que
groupe de fourmis. Cela s’appelle une propriété « émergente » de l’ensemble
où la partie et le tout diffèrent car ce qui compte ce sont
les interactions entre les parties. Et les interactions peuvent obéir à des
règles très simples. La règle que nous allons étudier dans ce chapitre est la
règle de la minorité.
La règle de la minorité va nous montrer comment un petit groupe de gens intolérants et vertueux avec du skin in the game, sous la forme de courage, suffit pour faire fonctionner correctement la société.
De façon ironique, l’exemple de cette complexité me frappa alors que je participais à un barbecue organisé par l’institut des systèmes complexes de Nouvelle-Angleterre. Tandis que les hôtes dressaient la table et sortaient les boissons de leurs emballages, un ami pratiquant et ne mangeant que kasher passa nous dire bonjour. Je lui offris un verre de cette eau jaune et sucrée parfumée à l’acide citrique que les gens appellent parfois de la limonade, certain qu’il allait le refuser au nom de ses prescriptions alimentaires. Il ne le fit pas. Il but le liquide appelé « limonade » et une autre personne mangeant kasher fit remarquer qu’ici « les liquides étaient kasher ». Nous regardâmes l’emballage de la boisson. En tout petit caractère, on pouvait voir un « U »à l’intérieur d’un cercle indiquant que la boisson était kasher. Ce symbole sera détecté par ceux qui ont besoin de savoir et qui savent où le trouver. Quant à tous les autres qui, comme moi, avaient parlé en prose pendant des années sans le savoir, ils avaient bu kasher sans savoir que c’était kasher.
Une étrange idée me frappa. La population qui mange kasher représente moins de trois dixième de pourcent des résidents des Etats-Unis d’Amérique. Pourtant, il semble que presque toutes les boissons sont kasher. Pourquoi ? Parce que passer au kasher permet au producteur, à l’épicier, au restaurant, de ne pas distinguer entre kasher et non-kasher pour les liquides et ainsi éviter un marquage particulier, des rayons dédiés, un inventaire spécifique et différents entrepôts de stockage. Et cette simple règle qui va changer complètement le total est la suivante :
Quelqu’un qui mange kasher (ou
halal) ne mangera jamais de la nourriture non-kasher (ou non-halal) mais il est
permis à quelqu’un qui ne mange pas kasher de manger kasher.
[…]
Appelons une telle minorité le groupe intransigeant et la majorité le groupe, flexible.
Et la règle est l’asymétrie dans les choix.
[…]
Deux autres choses. Premièrement, la géographie du terrain, c’est-à-dire la structure spatiale a son importance. La situation n’est pas du tout la même si les intransigeants vivent dans leur propre quartier ou s’ils sont mélangés au reste de la population. Si les gens qui suivent la règle minoritaire vivent dans des ghettos avec leur économie séparée, dans ce cas la règle minoritaire ne s’applique pas. Mais si la population est distribuée spatialement de façon égale, disons que le ratio de cette minorité dans le quartier est le même que celui dans le village, que celui du village est le même que celui dans le département, que celui du département est le même que celui de la région et que celui de la région est le même que celui du pays alors la majorité (flexible) devra se soumettre à la règle de la minorité.
[…]
Considérons à présent cette manifestation de la
dictature de la minorité.
Au Royaume-Uni, où la population musulmane (pratiquante) représente entre 3 et 4% de la population, une proportion élevée de la viande est halal. Près de 70% des exportations d’agneau de Nouvelle-Zélande sont halal. Près de 10% des enseignes de la chaîne Subway sont uniquement halal, c’est-à-dire qu’ils ne vendent pas de porc et cela malgré les pertes enregistrées par ces magasins. La même logique est à l’œuvre en Afrique du Sud où, en dépit d’une proportion similaire de musulmans, un nombre disproportionnellement élevé du poulet produit est halal.
[…]
Par conséquent, la règle de minorité peut produire
une proportion de produits halal dans les commerces plus importante que celle
des consommateurs de halal dans la population.
La voie à sens unique des religions
De la même manière, la diffusion de l’islam au Proche-Orient où le
christianisme était très bien implanté (il est né là-bas) peut être attribuée à
deux asymétries simples. Les premiers dirigeants islamiques ne cherchèrent pas
vraiment à convertir les chrétiens car ces derniers généraient pour eux des
revenus fiscaux (le prosélytisme de l’Islam ne s’intéresse pas à ceux qu’il
appelle « les gens du livre », c’est-à-dire les individus pratiquant
une religion abrahamique). En l’occurrence, mes ancêtres qui vécurent pendant
plus de treize siècles sous domination musulmane trouvèrent des avantages dans
le fait de ne pas être musulmans, notamment le fait d’être exempté de
conscription militaire.
Les deux asymétries étaient les suivantes. Premièrement, sous la règle
islamique, si un non-musulman épouse une femme musulmane, il doit se convertir
à l’Islam et si l’un des deux parents de l’enfant est musulman, l’enfant sera
musulman. Deuxièmement, devenir musulman est irréversible étant donné que selon
cette religion, l’apostasie est considérée comme le crime le plus grave et à ce
titre punie de mort. Le célèbre acteur égyptien Omar Sharif, né Mikhael Demetri
Shalhoub, était à l’origine un chrétien libanais. Il se convertit à l’islam
pour épouser une célèbre actrice égyptienne et changea son nom pour en prendre
un d’origine arabe. Plus tard, il divorça mais ne renia pas sa nouvelle
religion pour retourner vers celle de ses ancêtres.
En appliquant ces deux asymétries, il est possible de réaliser des simulations très simples permettant de voir comment un petit groupe islamique occupant l’Égypte chrétienne (copte) peut conduire au cours des siècles les coptes à devenir une petite minorité. Il suffit pour cela d’un petit nombre de mariages interreligieux. De la même manière, il est possible de comprendre pourquoi le judaïsme ne se diffuse pas et reste une minorité étant donné que cette religion obéit à la logique inverse : la mère doit être juive, poussant ainsi les mariages interreligieux à être exclus de la communauté.
En réalité, il a suffi que l’islam se montre plus têtu que le christianisme qui lui-même avait gagné grâce à sa propre obstination. En effet, bien avant l’islam, la diffusion originelle du christianisme peut être largement attribuée à l’intolérance aveugle des chrétiens, à leur prosélytisme récalcitrant, inconditionnel et agressif. Le paganisme romain était à l’origine très tolérant à l’égard des chrétiens car la tradition était de partager les dieux avec les autres membres de l’empire. Ils ne comprenaient pas pourquoi ces Nazaréens ne voulaient pas procéder à cet échange de dieux et offrir ce type nommé « Jésus » au panthéon romain en échange d’autres dieux. Les « persécutions » dont souffrirent les chrétiens furent conditionnées en grande partie par l’intolérance de ces derniers pour le panthéon des dieux locaux plutôt que le contraire. L’Histoire que nous lisons aujourd’hui est celle qui fut écrite par les chrétiens et non par les gréco-romains.
En réalité, nous observons dans l’histoire des « religions »
méditerranéennes, ou plutôt des rituels et des systèmes de comportements et de
croyances, une dérive dictée par les intolérants contribuant à resserrer les mailles de ces systèmes pour
les transformer en ce que l’on peut appeler une religion.
Le Judaïsme a failli perdre à cause de la transmission par la mère et du confinement de son origine tribale mais le christianisme, et pour les mêmes raisons l’islam, prirent le dessus. L’islam ? Il y a eu de nombreux islams, la version finale étant bien différente des plus anciennes. Car l’islam lui-même est en train d’être dominé (dans la branche sunnite) par les puristes, tout simplement parce qu’ils sont plus intolérants que les autres : les Wahhabis, fondateurs de l’Arabie Saoudite, furent ceux qui détruisirent les sanctuaires et qui imposèrent les règles les plus intolérantes, un procédé qui fut imité par la suite par l’État Islamique. Chaque version de l’islam sunnite semble être là pour répondre aux exigences de ses branches les plus intolérantes.
Conjecturons à présent que la formation des valeurs morales dans une société ne proviennent pas de l’évolution du consensus. Non, la personne la plus intolérante impose sa vertu aux autres grâce à son intolérance. La même logique s’applique pour les droits civiques.
Alexandre déclara qu’il était préférable d’avoir une armée de moutons menée par un lion qu’une armée de lions menée par un mouton. Alexandre (ou plus vraisemblablement celui qui fut à l’origine de ce proverbe apocryphe) comprenait la valeur d’une minorité active, intolérante et courageuse. Hannibal terrorisa Rome pendant plus d’une décennie avec une petite armée de mercenaires, remportant vingt-deux batailles contre les Romains, batailles où ses troupes se trouvaient à chaque fois en nombre inférieur. Lui aussi était inspiré par cette maxime. A la bataille de Cannes, il répondit à Gisco qui se plaignait du fait que les Carthaginois étaient moins nombreux que les Romains : « Il y a une chose qui est plus merveilleuse que leur nombre…dans toute cette multitude, il n’y a pas un homme qui s’appelle Gisco. »
Unus sed leo: un seul mais un lion
Le courage obstiné paie et pas seulement à la guerre
Toute l’évolution de la société, économique ou morale, émane d’un petit groupe d’individus.
Ainsi, nous concluons ce chapitre avec une remarque sur le rôle du skin in the game dans l’état de la société. La société n’évolue pas par consensus, vote, majorité, comité, réunions, conférences universitaires et sondages : seule une poignée de gens suffit à faire bouger les choses. Il suffit d’agir de façon asymétrique. Et l’asymétrie est présente en toute chose.
Note du traducteur :
L’argument sur la dictature des minorités de Nassim Nicholas Taleb s’applique parfaitement à l’histoire de la Révolution Française. A l’origine, la République était un projet largement rejeté par le peuple français et une large majorité des révolutionnaires eux-mêmes mais porté par une minorité organisée, active et intransigeante . Au final, c’est bien ce projet qui s’est imposé, en grande partie par la terreur, l’intimidation et le massacre, au point que la plupart des Français confondent aujourd’hui la République avec la France. Pour en savoir plus, lire la remarquable étude de Claude Quétel « Crois ou Meurs : histoire incorrecte de la Révolution Française ».
NB: Cet article ne fait pas partie du recueil, l’Homme et la Cité